Luchino Visconti, le prince blessé

Le comte Luchino Visconti di Modrone, né le 2 novembre 1906 à Milan, s’intéresse très tôt au théâtre et à l’opéra et envisage une carrière de musicien, avant de se familiariser, grâce à Jean Renoir, avec les techniques du cinéma. Sympathisant communiste, réchappé de la Gestapo, il participe à la revue Cinema avec les jeunes intellectuels antifascistes, devenant l’un des initiateurs du néoréalisme, avec ses premiers films, Ossessione (1943), La Terre tremble (1948) ou encore Bellissima (1951) avec la grande Anna Magnani en femme du peuple tentant grâce à sa fille de sortir de sa condition. Ayant fondé une compagnie théâtrale avec Marcello Mastroianni, Visconti se consacre alors au théâtre, sans oublier l’opéra, sa passion : il travaille pour la Scala de Milan, fasciné par Maria Callas. De retour au cinéma, il enchaînera les chefs-d’œuvre, notamment Rocco et ses frères (1960), Le Guépard (1963), Mort à Venise (1971). Dans ses derniers films, les thèmes de la déchéance et de la solitude deviennent de plus en plus prégnants. Mort à Rome le 17 mars 1976, dernier fleuron d'une lignée d'aristocrates, communiste et homosexuel sans illusions, ce prince a drapé ses blessures dans des décors précieux teintés de nostalgie (« il faut que tout change pour que rien ne change », dit-on dans Le Guépard), nous tendant un miroir lucide sur les valeurs agonisantes d’un monde en perdition…

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